Running Man : satire des jeux télévisés et de la lutte des classes, réinterprétation par Edgar Wright
Origines littéraires et premières adaptations
Le roman Running Man, de Stephen King publié en 1982 sous le pseudonyme Richard Bachman, a donné lieu à une adaptation cinématographique sortant en 1987 avec Arnold Schwarzenegger. Cette première version est décrite comme une mise en scène kitsch et invraisemblable, où les gladiateurs télévisés semblent issus d’un spectacle de cosplay.
Une réinterprétation contemporaine
Quarante ans environ après l’œuvre originale, une nouvelle adaptation, imprégnée d’une esthétique résolument rétro des années 1980, se révèle nettement plus convaincante. Edgar Wright, cinéaste britannique reconnu pour Shaun of the Dead (2004) et Scott Pilgrim (2010), signe une version plus ambitieuse, sans toutefois exploiter pleinement la charge subversive du récit.
Survivre trente jours
On suit Ben Richards (Glen Powell), ouvrier obstiné qui peine à retrouver un emploi après un licenciement pour insubordination. Dans une Amérique séparée entre nantis et prolétaires, le protagoniste, en colère, rejoint le jeu télévisé le plus populaire, « Running Man », dans l’espoir de décrocher un milliard de dollars pour financer les soins de sa fille malade.
Produit par le machiavélique Dan Killian (Josh Brolin), l’émission expédie Richards et deux autres candidats dans la nature. Ils doivent survivre trente jours, traqués par des chasseurs professionnels, tandis que la population est invitée à dénoncer les fugitifs contre une récompense financière.
Se cacher plutôt que courir
La principale surprise de cette version tient à l’accent mis sur le jeu de cache-cache plutôt que sur l’effroi immédiat: Ben Richards, tel une tortue récalcitrante, cherche à devenir invisible et à renverser les mécanismes de contrôle incarnés par l’image et la téléréalité.
Le film s’appuie alors sur une logique de cache-cache où les règles du programme se retournent parfois contre leurs créateurs. Cette approche suffit à maintenir l’attention pendant environ une heure avant de retomber dans les codes propres au blockbuster grand public.
Réception critique et limites
Si cette démarche offre une matière satirique, elle paraît inoffensive et datée face à l’évolution de nos sociétés depuis le roman originel. Alors que les réseaux sociaux et les algorithmes structurent désormais l’information, la dénonciation de la télévision-spectacle paraît limitée et peu audacieuse, malgré un potentiel subversif non pleinement exploité.
Lorsqu’un Ben Richards appelle le public à ne plus regarder ce type d’émission, Dan Killian répond que le véritable problème réside dans les financeurs du programme; le film n’explore pas suffisamment cette piste et se cantonne à une énergie punk rétro, amusante mais timorée.
Note: 3/5
Rafael Wolf / ld
« Running Man » d’Edgar Wright, avec Glen Powell, Josh Brolin et Lee Pace. Sortie dans les salles romandes à partir du 19 novembre 2025.