Bastion pro-Donald Trump dans le Kentucky : l’impact potentiel sur Medicaid et les services sociaux dans les Appalaches

Contexte régional et précarité sanitaire dans les Appalaches

Dans les vallées brumeuses qui bordent Hazard, le berceau de la musique bluegrass et les mines de charbon côtoient pauvreté et maladies chroniques. Les spots publicitaires de la radio locale appellent à la solidarité.

Des jeunes confrontés à la maladie et à l’appel de la communauté

Carson, 9 ans, et Josh, 12 ans, ont reçu le diagnostic d’un cancer et entament un traitement. Ils sollicitent le soutien de la communauté.

Les usines ont déserté la région des Appalaches et l’économie repose désormais principalement sur les services de santé et l’aide sociale. À Hazard, la salle d’attente de la clinique fait office de place du village.

« Il y a une multitude de problèmes de santé. Diabètes, bronchites chroniques, obésité, maladies cardiaques. La majorité de nos patients dépendent de l’aide sociale. Ce sont des travailleurs pauvres, des handicapés ou des mères célibataires », déclare Barry Martin, directeur de la Clinique de soins primaires, lors du 19h30 de la RTS.

Le risque pour Medicaid et l’accès aux soins

Plus de la moitié des habitants du comté dépendent de Medicaid, le système fédéral d’assurance destiné aux plus démunis. Le budget budgétaire adopté cet été menace ce dispositif.

« Sans Medicaid, je n’aurais pas pu être soigné. Il y aurait eu deux options pour moi: je serais mort ou en prison », affirme Mike Claudill, bénévole au centre Beacons of Hope.

« Je pense qu’il y a un grand risque que beaucoup de gens perdent leur couverture, pas seulement moi. Il faudrait alors trouver un autre accès aux soins, mais ce n’est vraiment pas facile aux États-Unis, ça coûte cher », témoigne John, habitant de Hazard.

Les mesures d’économies envisagées visent à compliquer l’accès au programme ou à le conditionner à un minimum d’heures travaillées pour les adultes valides.

Une bouée de sauvetage et des témoignages

Pour Mike Claudill, Medicaid représente une bouée de sauvetage. Anciennement en lutte contre une addiction pendant 18 ans, il a été soutenu par l’aide sociale et s’investit aujourd’hui dans le centre de rééducation Beacons of Hope.

« Ma famille était pauvre, on n’aurait pas pu se permettre de payer les soins. Il y aurait eu deux options pour moi: je serais mort ou en prison », résume-t-il.

Greg Burke, directeur du centre, précise que chaque patient soigné représente une victoire contre la fatalité. « Si Medicaid était coupé, ce serait très préjudiciable. Pas seulement pour notre centre, mais pour toute notre communauté. On perdrait des personnes qui ne pourraient plus être traitées. On pourrait avoir une ville fantôme », affirme-t-il.

Perspectives économiques et parole politique

Il y a un an, 80 % des électeurs de la région avaient plébiscité Donald Trump. Malgré les menaces perçues sur les aides sociales, peu de voix regrettent leur vote, nourrissant l’espoir d’un renouveau économique.

« Nous sommes sérieusement endettés et devons prendre des décisions d’ensemble », explique Roger Ford, entrepreneur et militant républicain. « Il faut aussi attirer des industries et aider à faire passer les gens d’une assurance gouvernementale à des assurances privées ».

En attendant des avancées industrielles, les coupes budgétaires pourraient s’imposer en priorité. Selon la majorité républicaine du Congrès, les mesures les plus strictes pourraient être appliquées à partir de 2027, après les élections de mi-mandat.

Face à ces enjeux, les habitants restent pris entre fidélité politique et inquiétude quant à l’accès durable aux soins et au soutien social.