Service citoyen pour tous: enjeux et perspectives du vote du 30 novembre en Suisse

Contexte et objectif de l’initiative

Le 30 novembre, les électeurs suisses seront invités à se prononcer sur l’initiative « Pour une Suisse qui s’engage », qui vise à réformer l’obligation de servir en létendant à l’ensemble des jeunes adultes, y compris les femmes. Lancé en 2022 par un comité citoyen et soutenu par des parlementaires, le texte propose l’instauration d’un service citoyen obligatoire pour tous les jeunes adultes.

Ce service pourrait être effectué au sein de l’armée, du service civil, de la protection civile ou d’un dispositif de milice équivalent. Ceux qui n’accompliraient aucun service devraient verser une taxe destinée à financer le système.

Les partisans et leurs arguments

Parmi les soutiens figurent le Parti vert’libéral, le Parti évangélique, le Parti pirate et les Jeunes du Centre, entre autres. Les partisans estiment que chacun doit prendre ses responsabilités afin de renforcer la résilience du pays et de favoriser la solidarité. Ils avancent que le service citoyen contribuerait à garantir des effectifs suffisants pour l’armée et la protection civile, et qu’il permettrait de réduire les écarts entre hommes et femmes, tout en répondant à des menaces actuelles telles que les guerres, la désinformation, la cybercriminalité et le changement climatique, ainsi qu’aux catastrophes naturelles et pandémies.

Selon eux, les jeunes acquérraient des compétences utiles — gestion de crise, premiers secours, savoir-faire informatique, travail en équipe et sens des responsabilités — qui bénéficieraient à leur parcours professionnel et à leur engagement citoyen.

Opposition et critiques

Le camp du non réunit des élus de droite et de gauche, incluant des représentants du PLR, de l’UDC, du Centre, du PS et des Verts, ainsi que des milieux économiques; le Conseil fédéral et le Parlement s’opposent également au texte.

Points critiqués par la droite

À droite, on estime que les effectifs de l’armée pourraient être fragilisés si les jeunes privilégiaient la protection civile plutôt que l’école de recrues. On évoque aussi un coût accru pour les entreprises dû à une hausse des absences, et une possible aggravation des pénuries de main-d’œuvre, car davantage de jeunes pourraient interrompre leur formation ou leur carrière pour accomplir leur service. Les opposants évoquent aussi un coût budgétaire important, avec des dépenses liées aux APG passant de 800 millions à 1,6 milliard de francs par an, à supporter par les employeurs et les salariés. Les dépenses liées à l’assurance militaire pourraient également doubler.

Points critiques de la gauche

Du côté gauche, notamment chez les femmes socialistes, on parle d’un « dumping salarial déguisé en patriotisme » dans des secteurs comme le soin et le social, et l’on craint que le texte n’aggrave les inégalités entre hommes et femmes, les femmes supportant déjà une part importante du travail non rémunéré lié à l’éducation, à l’aide et aux tâches domestiques.

Sondages et perspective de vote

Les enquêtes réalisées à la mi-octobre laissent place à une certaine incertitude. Selon le sondage commun Tamedia/20 Minutes, l’initiative obtiendrait 51% de soutien contre 44% d’opposition, avec 21% de répondants « plutôt oui » et 29% « plutôt non », indiquant une réserve chez une part significative des votants. Un sondage SSR de la même période donnait 48% de oui pour 46% de non. Il faut rappeler que l’approbation exige une double majorité du peuple et des cantons pour être adoptée.

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